L’instant présent : un véritable cadeau

« Ne cherchez pas le passé, ne cherchez pas le futur ; le passé est évanoui, le futur n’est pas encore advenu. Mais observez ici cet objet qui est maintenant. » dit Bouddha.

Il paraîtra évident pour chacun d’entre nous que le passé n’existe plus et que le ressasser n’est que source de souffrance, de frustration ou de mélancolie. Tout au mieux, si on a de la chance, il peut être une source d’inspiration pour envisager l’avenir, mais ce n’est pas forcément le cas. Vivre dans le passé n’est donc pas viable. Cela reviendrait à prendre un chemin qui passe à côté de la vie.

A l’inverse, vivre en permanence dans le futur, dans l’anticipation de ce qui va arriver, dans la projection permanente n’est pas bon non plus. Si cela peut permettre de prévoir et ne pas se laisser surprendre, d’avoir une longueur d’avance sur tout le monde (collègues, clients, chefs, concurrents, rivaux…), cela finit souvent par un trop plein d’anticipation. Cela devient une habitude de vie, qui peut causer des problèmes de sommeil, l’impression que la vie passe sans avoir réellement de sens, que l’instant présent nous échappe.

Si l’anticipation nous a permis d’être promu, de prendre une place sociale et d’être reconnu comme une personne de confiance justement pour cette capacité d’anticipation, il est alors encore plus difficile de se défaire de cette habitude qui nous a construit. Et cela est valable dans le champ professionnel  comme personnel : comment cesser d’anticiper lorsque toute l’organisation de la société ou de la famille repose sur nous ?

Cette forte charge mentale est épuisante à terme. Si l’anticipation permanente permet de gagner des points, de faire aller les choses efficacement, elle présente aussi le risque de se retrouver à 3h du matin, les yeux ouverts comme un hibou, en train de résoudre des problèmes qui ne se poseront peut-être même pas le moment venu. Cela constitue une vraie porte ouverte vers le burn-out. Comme le disent les Anglais « Life is a race : you run and then, you die » (La vie est une course, tu cours et puis tu meurs.) Que faire face à cette course et cette anticipation qui nous dévorent ?

Et le présent alors ?

Entre stagner dans le passé, les deux pieds dans le béton, ou courir à perdre haleine vers l’avenir, tout en oubliant, ou évitant, de faire face au présent, que choisir ? La pleine conscience est une invitation permanente à prendre l’option du présent. Après tout, c’est le seul espace-temps qui nous est donné pour agir concrètement sur la vie. C’est dans l’ici et maintenant que nous pouvons faire usage de notre énergie, de notre intelligence, de notre expérience, de notre envie de bien faire.

En apprenant à explorer l’instant présent, autrement dit à faire l’expérience de la vie à cet instant. Ressentant les sensations corporelles ainsi que les émotions et observant les pensées qui nous traversent l’esprit. Avec curiosité, adoptant une posture d’observateur de la vie en soi et autour de soi. Constatant l’interaction entre notre système intérieur et le système extérieur. Autrement dit, devenant conscient des processus cognitif, émotionnel, sensoriel internes à l’œuvre et de leur interaction avec le monde perpétuellement changeant dans lequel nous baignons. Revisitant Socrates, nous dirions en parlant le langage de la pleine conscience : « Connais-toi toi-même par l’expérience que tu fais de toi instant après instant ». 

Les études scientifiques montrent que le centrage de l’attention tel qu’il est effectué lorsqu’on médite permet d’améliorer notre capacité de présence et de concentration sur ce qu’il nous est donné de vivre. Elle permet de plus vite et plus souvent constater que nous sommes absents du présent, que notre attention est emportée dans le passé ou le futur. Pouvant ainsi plus vite revenir là, dans la conscience de l’instant.

Souvenons-nous : la vie est un cadeau et c’est pour cela qu’on l’appelle le présent.