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Porter son attention à son attention

9 octobre 2018

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La quarantaine passée, j’ai commencé à m’intéresser à mon attention. J’ai très vite constaté qu’elle ne faisait qu’errer. Abandonnée à elle-même pendant toutes ces années, elle n’avait cessé de se laisser absorber et emporter par les flots de pensées. Vagabondant sans que je m’en rendre compte. Et quand je pense à ces secondes, minutes, heures et au final à toutes ces décennies à être comme à la dérive, j’éprouve le regret du temps perdu, de la peine pour celui que j’ai été mais aussi la joie puissante d’en avoir désormais conscience.

L’énorme majorité de ces pensées me détournent de l’instant présent. Elles sont, selon les cas, futiles, inutiles, maussades, obsessionnelles ou pressantes comme des injonctions ! Parfois agréables, enjouées, optimistes et alors souvent trompeuses. Au final, combien me rendent service et améliorent ma vie ? Sont-elles aussi utiles et importantes que j’ai tendance à le croire ? Ne suis-je pas simplement victime de ce flot ? À subir, sans le savoir, un diktat cognitif qui expose mon système biochimique aux vagues d’hormones et érode ma santé jour après jour.

Alors, que faire face à cette lave dégoulinante de pensées qui, selon les moments, sont péremptoires, avides, effrayantes, anxiogènes, chargées de colère, crispées, haletantes, stressantes ou hyper optimistes et alors porteuses des germes d’une frustration à venir ? J’aimerais tellement ne plus les subir et m’en affranchir. Quel moyen me permettrait de, petit à petit, échapper à leur force d’attraction ? 

Avez-vous essayé la méditation de pleine conscience ?

Aujourd’hui, grâce à cette pratique, je constate plus régulièrement quand mon attention part dans des narrations : « ma course contre le temps, mes amis, mes amours, mes emmerdes ! », aurait dit Aznovour… Et je peux plus facilement m’en extraire pour ne plus les subir.

Ce matin, j’ai, pour la première fois, imaginé ce que toutes ces pensées produites par mon cerveau depuis ma naissance pourraient occuper comme volume… J’ai ri en imaginant un monticule géant de pensées parasites pousser sous moi et me soulever jusque dans les nuages. Puis, sujet au vertige, j’ai pris peur.

Bien sûr, ce n’est pas tous les jours le calme de l’esprit. Il faut bien agir et s’exposer à une dose quotidienne de stress. Tout le monde ne peut pas vivre dans un monastère au rythme de la cloche.  Mais avec la pratique, les dérives liées aux pensées grises, rouges ou noires se font beaucoup plus courtes, moins marquantes, plus éphémères. Transmuter les pensées en calme, « rendre la journée belle » et en faire un art, pour paraphraser Thoreau,voilà la proposition de la pleine conscience.  

Au début, j’avais peur d’oublier des trucs importants. Mais force est de constater que je n’ai pas commis d’impair depuis tout ce temps. Je n’ai pas oublié mon fils à l’école, ni trop tardé à répondre à un client. Rien de notoire qui me ferait arrêter la pratique. J’en suis plutôt à sentir la différence entre une journée avec et sans méditation. La tourmente prenant rapidement plus de place, dans une journée sans assise. 

Je constate également combien mon attention est la proie de toute une série de prédateurs. Radios, TV, internet, journaux gratuits, affiches publicitaires, voisins bavards, collègues en quête d’écoute, chien sympathique remuant la queue….Ils sont pléthore à avidement la solliciter, à l’aspirer par tous les moyens. Qu’il est dur de rester centré minute après minute dans cette jungle de sollicitations et de distractions.

Néanmoins il est bon de s’y essayer, car je ne connais pas d’autre issue pour faire face à la frénésie de notre société. Alors pourquoi ne pas ramener l’attention sur la respiration, ne serait-ce que quelques instants, le temps d’un souffle, tiens maintenant, tiens cet inspire…  

Merci pour votre attention.

Bonne journée.