Attention, attention !
Nos parents nous ont assez dit « Fais attention ! ». Sans préciser à quoi. Animés par leurs préoccupations d’adultes, ils s’attendaient à ce que notre attention d’enfant se porta là où la leur se fixait. Sur cette marche un peu haute ou ces voitures roulant vite dans la rue.
Nous avons continué à grandir et l’école nous a appris à fixer l’attention. La concentrer pour ne pas la laisser se promener sur des détails périphériques et non pertinents. Il s’agissait alors d’imposer à l’attention un périmètre pendant un temps donné pour que sa collègue, la réflexion, trouve la solution, l’âge du capitaine.
Quand les devoirs étaient finis, l’attention était relâchée, c’était la liberté revenue. Elle pouvait repartir en balade. Poussée par le vent des envies, des pulsions et des émotions, elle pouvait nous emmener jusqu’aux sommets de la joie, ou dans les vallées profondes de la peine ou la forêt de la peur. En un rien de temps. C’était le charme de l’enfance : vite préoccupé, vite soulagé.
Aujourd’hui qu’en est-il ? L’âge avance et l’attention se balade toujours aussi souvent. Mais entre-temps, l’insouciance est un peu partie. Le soulagement, la légèreté et la sérénité se font plus rares. L’attention est souvent engluée dans les problèmes à résoudre, les projections anxieuses ou les regrets. Elle stagne dans ces eaux grises, ternes et inquiétantes. Nous subissons les vagabondages de l’esprit tiraillé au quotidien entre craintes et désirs. Notre attention suivant le flot des pensées et des émotions qui nous traversent instant après instant sans que nous envisagions d’y changer quelque chose.
Le postulat de la pleine conscience est de décider de ne plus subir les errances, les stagnations de l’attention dans les écueils de peur, dans les ruminations en tous genres et de nous libérer de tout cela. Sans se révolter et sans entrer en résistance, mais au contraire en entrant dans un mode d’observation, de contemplation. Contempler la vie. La vie étant l’expérience que nous faisons, instant après instant, de nos sensations corporelles, de nos pensées et de nos émotions. On parle donc bien d’attention quand on parle de mindfulness et d’attention portée à notre attention quand on parle de méditation de pleine conscience.
Pour s’y mettre, une question peut nous aider : à tout moment il nous revient de nous demander : « où est mon attention maintenant ? » Absorbée par quoi ? Et quelle expérience est-ce pour moi maintenant d’avoir mon attention posée là.
Avec cette gymnastique attentionnelle, on peut prendre conscience de son vagabondage dans un premier temps et constater comment nous le vivons à cet instant. Une prise de distance instantanée aux pouvoirs insoupçonnés : l’essayer, c’est l’adopter.
Décidons d’un point de focus de l’attention. Traditionnellement, on pose l’attention dans les sensations du souffle. Peut-être en choisissant une zone plus précise : les narines, la cage thoracique ou l’abdomen… Laissons-nous juste ressentir. Là. Maintenant.
Bonne pratique !