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Notre humble pouvoir

30 décembre 2018

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Cultiver la stabilité de l’esprit comme contribution au monde dans les temps difficiles.

Je quitte une séance de soutien à la pratique à Colmar le mardi 11 décembre, il est presque 23h. Je démarre la voiture et une fois n’est pas coutume, je choisis de mettre la radio pour savourer une émission musicale. Je rentre à la maison, à Strasbourg. Très vite un flash info annonce qu’une tuerie vient d’y avoir lieu. Un inconnu a tiré dans la foule. Des morts, des blessés graves. Les noms des lieux et des rues que diffuse la radio nationale résonnent en moi. Ils racontent l’intimité du quotidien, le chemin de l’école de mon fils, l’endroit des courses, de rendez-vous avec des amis. J’éprouve de la stupéfaction et en même temps une sorte d’inertie émotionnelle. Pas de pensées anxieuses, ni de colère. Ce n’est que plus tard qu’une tristesse lourde s’établit et persistera plusieurs jours.

Comment garder son équilibre en ces temps d’incertitudes, quand nous sommes bombardés par des stimuli anxiogènes violents ?

Comment vivre le maëlstrom individuel et collectif qui nous traverse et réveille en nous des schémas réactionnels de lutte, de fuite ou d’abattement. Les réflexes reptiliens surgissent des profondeurs de notre cerveau. Le système limbique bouillonne d’émotions. Et le néocortex et sa raison se retrouvent submergés, incapables de traiter l’information en temps réel. Nous voilà en proie au désarroi, sujets à d’éventuels élans de révolte ou de terreur. À l’extérieur, la dérive de mots et de déclarations n’apporte qu’un écho à la confusion intérieure. Difficile de trouver des propos qui montrent une voie sereine, de confiance et d’espoir. Une voix sage.

Et lorsque le calme revient, l’intime questionnement persiste : les choses vont-elles se dégrader encore ou bien le pire est-il maintenant derrière nous ? Le mental s’envole vers des craintes globales concernant notre pays, notre société. L’esprit poussé par les émotions galope vers l’extérieur, aveugle, dans l’espoir d’une solution dont les contours semblent trop flous, trop vastes et insaisissables. Nous voilà une fois de plus mis à l’épreuve de l’inconnu.  

Mais alors, quelle posture adopter ? Comment, à titre individuel, répondre à ces évènements et à ce qu’ils déclenchent en nous ?

Peut-être pouvons-nous simplement commencer par nous connecter à nous-même. À tourner l’attention à l’intérieur de nous-mêmes. Faire l’expérience consciente des pensées anxieuses, des visions violentes teintées colère, de la tristesse noire, voire du désespoir qui peuvent tour à tour nous parcourir. Mesurer leur intensité, à travers l’agitation du mental et l’ampleur des sensations. Puis accueillir cette expression de la vie en nous-mêmes.

Accepter que ce soit ainsi, pour l’instant. Garder en tête que rien ne dure toujours. Il y aura d’autres printemps, d’autres époques. Revenir au sac et au ressac du souffle pour ne pas laisser la peur occuper le cœur et dérouter l’esprit. Inviter l’inspire à livrer l’immensité des ressources disponibles en soi et autour de soi et laisser l’expire nous ramener vers un nouvel équilibre, plus adapté à l’instant, à aujourd’hui et à maintenant.      

Et faire alors usage de notre marge de manœuvre individuelle. En cultivant la justesse pour soi et pour les autres, nos proches et ceux que l’on croise. Trouvant ainsi l’occasion d’influer sur le monde. De donner corps à notre liberté d’humain responsable. Et imprégné de pratique, contribuer par le regard, le silence ou les mots à la stabilité, au redéploiement de la confiance et au refleurissement de la vie, dès maintenant.

Voilà en cette époque troublée l’étendue de notre humble pouvoir.