Le circuit de la récompense maître du monde
Il existe une partie du cerveau, le striatum, où est libéré la plus grande quantité de dopamine dans notre corps. En 1954, deux neurophysiologistes, James Olds et Peter Milner, ont mené des expériences sur des rats. Ils leurs ont posé des électrodes et créé un système de pédalier permettant aux rats de s’administrer eux-mêmes des décharges électriques dans cette partie de leur cerveau. Ils virent alors se développer un comportement compulsif. Certains rats revenaient au pédalier jusqu’à 100 fois par minute.
Des expériences similaires ont été menées de façon très ponctuelle sur des hommes, consentants, ayant le cerveau ouvert pour être opérés. Comme les rats, ils se sont stimulés compulsivement, sans vouloir s’arrêter, décrivant des sensations extraordinaires plus puissantes que la conjugaison simultanée d’un bon repas, d’un orgasme sexuel et d’un sentiment profond de pouvoir sur la vie.
Le circuit de la récompense venait d’être localisé dans le cerveau : le striatum. Une zone du cerveau où se déploie un plaisir tellement intense qu’on y revient compulsivement, développant une accoutumance nous faisant oublier nos besoins les plus élémentaires.
Le striatum accueille les stimuli les plus profondément liés à la survie de l’organisme et à la transmission des gènes. Il renforce les chemins neuronaux qu’ils empruntent, créant ainsi les conditionnements. Une fois établis, ils deviennent des « autoroutes à réflexes ». Les neurobiologistes appellent « renforceurs primaires » les stimuli déclenchant une récompense dans l’organisme telle que l’homme adopte le comportement approprié pour répéter le phénomène encore et encore. Moteur biologique de la survie de notre espère au fil du temps, il est très puissant mais pèche par son caractère court-termiste car il privilégie l’obtention d’un gain immédiat au détriment d’un résultat futur plus souhaitable.
Le fait que nous soyons bloqués dans ce besoin irrépressible d’y revenir instantanément est présenté comme l’explication fondamentale du comportement suicidaire que les 8 milliards d’humains, que nous sommes, avons vis-à-vis du désastre écologique vers lequel nous nous dirigeons, oubliant dans la compulsion de l’instant la question cruciale du devenir de l’humanité.
Comment notre cerveau nous pousse à détruire la planète et comment l’en empêcher, voilà le propos de Sébastien Bohler, docteur en neuroscience, dans son livre intitulé « Le bug humain ». Il y préconise la pratique de la méditation de pleine conscience pour son efficacité avérée à gérer les compulsions alimentaires, sexuelles et digitales qui sont entretenues en nous par la société et qui multipliées par 8 000 000 000 ont pour conséquences l’épuisement des ressources naturelles, la destruction des espère vivantes, le réchauffement de la planète.